Au sujet des filières de Malconche...

Publié le par APPRP

L'UNAN a formulé une lettre de contestation auprès du commissaire enquêteur chargé du dossier desdites filières.

 

L'APPRP se doit d'être solidaire d'une telle contestation, surtout après le constat d'échec dont les filières ostréicoles du pertuis Breton ont fait la preuve !...

 

Voici ce courrier :

 

UNAN-CM

UNION DES ASSOCIATIONS DE NAVIGATEURS DE CHARENTE MARITIME
Association Loi 1901- Siège social : DIGUE DU LAZARET 17000 LA ROCHELLE

Monsieur Michel Arnoult
Commissaire enquêteur
Mairie de Saint Georges d’Oléron
17 190 Saint Georges d’Oléron

La Rochelle,
Le 09/05/2011

Objet :
Enquête publique sur l’implantation des filières dans l’Anse de la Maleconche.

Monsieur le Commissaire Enquêteur,

Dans le cadre de l’enquête publique concernant l’implantation des filières conchylicoles dans
l’Anse de la Maleconche, nous vous prions de bien vouloir enregistrer nos observations :

Le « mitage » des Pertuis que nous redoutions et dénoncions dès 2003 se poursuit ! Après 1000
ha dans le Pertuis Breton, 500 ha dans le Pertuis d’Antioche, voici un nouveau projet qui neutraliserait
pratiquement 1000 ha d’un espace maritime dédié exclusivement au nautisme et au tourisme (430 ha
théoriques, en fait 1000 ha soit entre 3 à 7 fois l’île d’Aix.)

Nous nous opposons fermement à ce projet pour les raisons suivantes :

I- Du point de vue de la sécurité
-
Cette réalisation créerait un danger maritime particulièrement redoutable du fait de sa
proximité avec la longe de Boyard où les déferlantes sont fréquentes.
-
En outre, les deux autres champs de filières, en dépit du balisage, ont été le lieu de
plusieurs accidents, l’Anse de la Maleconche est un lieu de passage important du fait
de la présence des 3 ports de plaisance de l’île d’Oléron, mais aussi de la fréquentation
régulière par l’ensemble des navigateurs de Charente-Maritime et extérieurs au
département.

II- Du point de vue de l’environnement
-
Une telle concentration de la production va naturellement à l’encontre de la biodiversité.
-
Les fèces produites par les moules et les huîtres se déposeront sous les filières bétonnant
littéralement les fonds marins substrat de la biodiversité et accélèreront les risques
d’envasement. (cf. loi de Stokes sur la vitesse de sédimentation.)
Curieusement nous n’avons jamais obtenu de réponses à nos demandes formulées
auprès des Préfets de Charente-Maritime et le la Vendée concernant les relevés
bathymétriques qui devaient être réalisés dans le champ de filières du Pertuis Breton


(copie en PJ.)
Bien sûr il est inconcevable d’imaginer que de telles installations soient sans effet
sur la courantologie donc sur l’accroissement des dépôts qui pourra aller jusqu’à
l’envasement.
De nombreux professionnels suspectent de telles concentrations d’accroître les risques
d’épizooties, cela mériterait une étude.
Enfin la conclusion du Bureau d’études jette un sérieux doute sur la crédibilité des
éléments précédemment présentés comme des certitudes.
« Les méthodes utilisées pour prédirent les impacts de l’ouvrage projeté sont loin d’être
infaillibles. Il s’agit de prévisions… »

III- Du point de vue économique
-
Il est fait référence à la réglementation sur les lotissements terrestres pour expliquer que
la structure des champs de filières serait comparable aux VRD.
La comparaison s’arrête au seuil du financement ! Ce projet n’est réalisable qu’avec un
financement public, dès lors il convient de s’interroger sur l’intérêt public :
o L’huître est-elle un produit de première nécessité ? la réponse est négative, il
s’agit même aux dires de la profession, qui le regrette, d’un produit festif.
o Ce projet créera-t-il des emplois ? La réponse est non, non seulement il n’en
créera pas mais il en détruira.
Il y a lieu de s’interroger sur l’évolution de ce type de production, productiviste,
si décrié en agriculture. La concentration de la production, puis à terme du
conditionnement, engendrera une perte d’emplois dans un secteur essentiellement
artisanal, non soumis à une concurrence étrangère en ce qui concerne l’ostréiculture.
De même, l’ancrage territorial traditionnel en souffrira, brisant ce que les sociologues
appellent le lien social.
o L’appropriation de l’espace maritime au profit de quelques uns et au détriment
de tous les autres ne peut être acceptée.
- En revanche les impacts négatifs pour les autres usagers sont balayés quasi
négligemment.
o Nous relevons notamment la condescendance, à la limite du mépris, pour les
incidences concernant la plaisance.
Bien que soit reconnu la fréquentation du lieu par des milliers de navires, les
plaisanciers devront s’habituer grâce à la progressivité des implantations ! (cf. P146)
De même les plaisanciers ne seraient pas préoccupés par la qualité de l’eau, une telle
affirmation doit être fortement dénoncée.
Le secteur concerné est particulièrement fréquenté par les plaisanciers de toutes
origines. L’impossibilité de circuler entre les ports et la neutralisation d’environ 1000
ha vont à l’encontre du principe traditionnel de la libre circulation en mer et serait très
dommageable à l’attractivité du Bassin de navigation.
Rappelons que l’ensemble des Pertuis constitue un des meilleurs bassins de navigation
de France, voire le meilleur, puisque retenu lors de la candidature de la France aux JO.
Cette situation exceptionnelle a été le fondement d’une industrie nautique prospère
et dont la valeur ajoutée est sans commune mesure avec la VA du secteur primaire.
Cette industrie nouvelle a largement contribué à la reconversion industrielle du bassin
d’emploi de La Rochelle.
o La commune de St Georges, labellisée Station balnéaire, risque elle aussi une
perte d’attractivité compte tenu de la pollution visuelle d’une de ses plus belles
plages, mais aussi de la pollution due aux rejets d’exploitation … soumis à la
règle des bonnes pratiques …

IV. Du point de vue de la légitimité.

Nous dénonçons la mise à l’enquête publique d’un tel dossier au moment où un PNM va
voir le jour et aurait pu très opportunément s’en saisir.
Nous dénonçons également les conditions très restrictives de son déroulement.
Par ailleurs nous rappelons que le SMVM, résultat d’une large concertation à l’époque
et signé par le Préfet, dédiait cette zone exclusivement au tourisme et au nautisme
tandis que le sud du département et de nombreuses autres zones étaient réservées aux
cultures marines. (plan joint.)


En conclusion nous regrettons que nos suggestions d’études de solutions alternatives, énoncées dès
2003, n’aient pas été retenues, huit ans après elles auraient probablement été opérationnelles.

Il est urgent de cesser de détruire le meilleur atout d’attractivité de notre région.

Nous vous prions de recevoir, Monsieur Le Commissaire Enquêteur, l’assurance de notre considération
distinguée.

Le Président

Le Vice-président

Le Vice-président

Secrétaire Général

Ph. GRAND

A. GARCIA

J. PIVETEAU

PS : L’UNAN-CM regroupe les Associations de plaisanciers existantes dans les ports de plaisance de
Charente Maritime (17 Associations soit 2300 adhérents cotisants.)

PJ :

-Lettre adressé à Monsieur Le Préfet de la Vendée le 7 novembre 2008. (Avec copie à Monsieur
Le Préfet de Charente-Maritime)

-Plan du SMVM qui met en évidence :

o L’importance des zones dédiées aux cultures marines
o La « réservation » de l’Anse de Maleconche exclusivement au tourisme et au
nautisme.

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